Ma cicatrice naguère et aujourd’hui

KHALED ABIDA

La cicatrice est la trace physique d’un traumatisme corporel vécu lors d’un accident ou d’une intervention chirurgicale. Elle est, aussi, l’emblème  d’une souffrance et le signe indiciel de son dépassement. De la sorte, la cicatrice en tant que trace mémorielle pourrait faire le pont entre deux temporalités distinctes vécue intensivement. Elle remplira, ainsi, une fonction métonymique.
En prenant la partie pour le tout, le travail métonymique de la cicatrice acquiert une ampleur symbolique. Il engage ma cicatrice – trace corporelle d’un traumatisme crânien et d’une intervention chirurgicale cervicale –  dans un longue quête métaphorique qui guète le souvenir de la trace aussi bien que ses projections sensibles dans l’imaginaire du patient.
Un paradoxe opère à ce niveau entre l’immobilité physique du malade lors de la phase postopératoire et les flux des images qui s’accélèrent et se succèdent  dans sa tête pour compenser son manque de mobilité. L’image de la cicatrice se substitue, ainsi, au réticulum de l’actuel et du devenir, de l’ici et de l’ailleurs,  du maintenant et du prochain. Elle se transforme en un pont de passage qui mène les images mémorielles latentes dans le subconscient du patient d’un bord à l’autre. L’image de la cicatrice devient sémiotiquement condensée. C’est se qui constitue le contenu propre de l’œuvre vidéo que je compte projeter avant la conférence.